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Le journal de Jipé
1 août 2012

Retour aux sources pour Thaly (épisode 2 : retrouvailles médocaines)

En sortant de la gare de Pauillac, on les vit, ils étaient là, nous attendant ! Thaly retrouvait sa maman et son papounet. Quel bonheur ! Pour ma part j'avais un peu le trac. On redoute toujours un chouïa le moment où l'on est présenté à beau-papa. Même à mon âge... Il me dit avec enthousiasme : "bonjour Jean-Pierre". Je ne sais pas si ça vous le fait aussi mais le simple fait d'ajouter en bout de phrase le prénom de la personne à qui on parle est chose rassurante. J'étais donc rassuré. Thaly m'avait prévenu : "tu verras, mon papounet, il est gentil et pas compliqué".

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On a bien sûr commencé à causer devant la 207 puis Francine nous a emmené au tabac du coin pour y jouer son tiercé. Là-bas, le gars fait tabac-PMU et bar. Tu cherches "Paris-Match" ou le quotidien Sud-Ouest et à deux mètres à peine tu peux boire un coup accoudé au comptoir. Le papa de Thaly, Michel, nous a ensuite emmené au coeur des vignes. Tandis qu'il roulait en distillant ses explications, j'appréciais la beauté de ce Médoc aux reflets lumineux et enchanteurs. Michel entra alors dans la propriété de Phélan Ségur où il travaillait. Il expliquait maintes choses, partageant ses connaissances, sa passion pour la vigne et son amour du Médoc tout en soulignant qu'il y a aussi du très bon vin du côté de Saint-Emilion ou de Fronsac. Il narrait tout ça avec simplicité mais aussi avec ferveur, évoquant le raisin, le bon vin qui en découle, les chais, les hectares de terrain et je buvais chacune de ses paroles comme j'aurais bu un bon St-Estephe. Il reprit la route pour aller au château Cos d'Estournel. Francine le pria de s'arrêter sur le côté afin que je puisse tranquillement admirer la magnifique porte d'entrée importée d'Afrique. Puis il passa deux fois devant l'entrée du château de Beychevelle parce que je n'avais pas vu de suite le nom du domaine taillé dans le gazon bordant l'entrée. En traversant les villages, Thaly s'étonnait de voir telle boulangerie ou tel tabac fermés. Les réponses de ses parents fusaient : soit le gars avait pris sa retraite, soit il était mort. Un moment donné, Thaly demanda à propos d'une personne qu'elle avait bien connu : "il est mort de quoi ?" Et sa mère répondit : "du coeur", ce qui me fit tiquer. Je ne comprenais pas trop cette expression et Thaly m'expliqua en douce que quelqu'un qui "meurt du coeur" dans le Médoc, c'est qu'il a fait un arrêt cardiaque. Je me rendais compte que j'étais loin de connaître toutes les subtilités des expressions médocaines. Ma jolie Thaly m'en avait pourtant appris plein comme cagouille pour escargot, couniller pour glander, un "drôle" pour un jeune. Mais le must ce fut cette nuit de juillet 2008 où, entre minuit et les couvertures, elle m'avait dit "t'es un branleur, toi !" La tête que j'avais fait ! En Alsace un branleur c'est un rigolo, un gars qui ne fout rien alors que dans le Médoc ça signifie plutôt un mec marrant, éventuellement un peu coquin. 

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Arrivés à la Naude, ce fut l'apéro. Là-bas, pas de Picon, même si Michel connait de nom. J'ai donc pris un whisky-Coca en priant pour ne pas glisser sous la table car du whisky je n'en ai guère bu qu'une fois dans ma vie. L'on devisa longuement, de tout, de rien. Par après, en aidant Michel à éplucher les patates, j'ai entamé le sujet qui fâche : l'équipe de France de foot. Dans la foulée, nous avons refait le monde du ballon rond tout en causant des Girondins de l'ère Giresse ou du pauvre Racing Club de Strasbourg qui est bien mal en point. Même que je disais à Michel qu'une fois en Alsace sa fille m'avait demandé quand le Racing allait jouer contre Bordeaux. Michel éclata de rire, conscient que ce ne serait pas demain la veille ! Etant un peu plus à l'aise, je l'ai accompagné jusqu'à la grande grange où il dispose d'une ancienne gazinière qui lui permet de faire les frites, la viande ou le poisson, ce qui évite d'avoir les odeurs dans la cuisine. Cette grange très haute de plafond est à la fois un vaste repaire de souvenirs où Michel entasse tout mais aussi une cave à vins ô combien prestigieuse et précieuse. Elle recèle de petits trésors comme une photo de Thaly gamine accrochée au mur, non loin d'outils suspendus ou le tableau du certificat d'études. Il y a des tables servant aux repas en extérieur, des dizaines de cartons, des pommes de terre et mille autres choses. Puis il y a surtout ces bouteilles de vin accumulées au fil des ans et soigneusement gardées en caissettes classées par château et par année. C'est là, tout en surveillant la cuisson des frites que Michel me dit de le tutoyer. J'étais content. Ca aide pour papoter ensemble mais parfois je le tutoyais, parfois je le vouvoyais. Pas si simple. Il me montra maintes bouteilles de vin rouge en m'en contant l'histoire, précisant si la terre des vignes était argileuse ou autre. Le repas fut exquis : confit de canard et frites avec un excellent vin rouge. Un grand cru. J'en fus touché. On discuta encore de bien des choses et c'est Thaly qui fut la plus bavarde. Elle se montra intarissable, retrouvant rapidement ses habitudes d'antan, parlant vite et avec davantage d'accent chantant. Pour la nuit, Francine choisit de dormir sur le canapé du salon afin de nous laisser son lit, chose qui allait beaucoup faire parler Bertrand le lendemain. Mais nous y reviendrons.

Et le grand jour arriva ! Samedi 28 juillet : les retrouvailles des soeurettes

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Michel s'était levé tôt. On l'avait entendu mais on traîna encore un peu au lit. Une fois ma toilette faite, je l'ai retrouvé au jardin où il cueillait des tomates. Là-bas, il est également dans son élément et parfaitement organisé puisqu'il dispose aussi d'une cabane où il entrepose tout ce qui est nécessaire au jardin. Il fait pousser de bons légumes et j'en eus la preuve à table en mangeant ses tomates. Je n'avais plus retrouvé cette saveur depuis le temps où, étant gosse, je flanais à Belmont, dans les prés, les champs et les jardins, goûtant tous les fruits et légumes. Il y a aussi un poulailler avec une dizaine de poules. Il nous fallait encore préparer les tables et les chaises vu qu'on mangerait dehors. Il y aurait 16 ou 17 personnes, tout le monde voulant revoir Thaly. Ainsi quand Francine l'avait prévenu de l'arrivée de Thaly, Bertrand avait-il dit : "on ne fera pas que le midi, on mangera aussi ensemble le soir". Et chacun de ramener quelque chose pour le repas. Chouette organisation, belle générosité ! L'heure H approchait, je m'affairais comme je pouvais, balayant, disposant les chaises, tentant d'oublier le trac qui revenait sournoisement.

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Thaly et sa mère s'en allèrent vite à Pauillac jouer un tiercé et chercher du pain. C'est alors que les premiers convives arrivèrent ! Kevyn et son pote Kevin Vidal furent les premiers. Ces deux là sont comme cul et chemise et je voyais parfois Kevyn Vidal sur le Facebook de Thaly qui l'a en ami. Je lui ai donc dit que j'étais heureux de le voir en vrai, ce qui le surprit un peu. Corinne, Eric et Lisa arrivèrent à leur tour, suivis de peu par Philippe, Josiane et les autres. Et Thaly qui n'était pas là... J'eus droit à de gentils "bonjour Jean-Pierre". Hé oui, l'histoire du prénom en bout de phrase. Le grand moment d'émotion eut lieu lorsque ma douce compagne et sa mère entrèrent enfin dans la cour sous le regard de Corinne qui n'en pouvait plus d'attendre sa p'tite soeur (photo ci-contre). Tout le monde savait combien elles avaient été proches dans leur jeunesse et encore par après. Les retrouvailles furent émouvantes. Les sourires en disaient longs, les regards aussi. Eut lieu ensuite une longue séance-photos. J'ouvre ici une parenthèse pour signaler que toutes les photos de cette inoubliable et belle journée figurent dans l'album-photos de la colonne de droite intitulé Médoc 2012. Je referme la parenthèse, c'est l'heure de l'apéro ! Bertrand avait fait du punch. Il servait chacun tout en sortant gaiement ses premières boutades. Ce qu'il nous aura fait rire, celui-là ! Et c'est ainsi qu'il taquina sa belle-mère, ayant appris qu'elle nous avait laissé son lit. Il claironna : "ah bon ! Moi j'ai droit au canapé quand je dors ici. Eh bien la prochaine fois je veux le lit aussi. Et avec les draps rouges, hein, Francine". Fou-rire général. Le punch était excellent. J'en étais à mon deuxième verre et comme je confiais à Patricia que ça peut être traître car c'est frais, agréable et que ça se laisse boire, elle m'en donna la composition. Thaly causait et se marrait avec Corinne et Eric. Quand Kevyn Vidal me confia qu'il avait vu Green Day à Paris, je fus aux anges vu que j'adore ce trio qui est, à mon humble avis, le meilleur groupe au monde actuellement. Semblant rieur dans le ciel, le soleil pointait ses dards sur la maison et Philippe, le parrain de Thaly, installa rapidement son grand parasol pour protéger une grande partie de la table. Heureusement d'ailleurs car celui de Bertrand flanchait au moindre pet de vent, ce qui le faisait râler alors qu'on se marrait tous de bon coeur en voyant ça.

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Thaly et moi avions certes ramené nos p'tits souvenirs d'Alsace pour la famille mais on ouvrit de grands yeux quand on eut droit à un joli panier rose de la part de Corinne, Eric, Patricia, Bertrand, Michel et Francine. Celui-ci était empli de délicieuses choses : des cannelés, de succulents bouchons de Bordeaux, des noisettines du Médoc, des macarons de Bordeaux mais aussi trois bouteilles de vin : un Phélan Ségur année 2000, un "Demoiselle de Sociando-Mallet" 2002 (où travaille Patricia)  et un Lalande de Pomerol 2007. Waow ! Il y avait aussi une petite BD réalisée par un Eric fort doué en dessin qui retraçait humoristiquement les années d'insouciance et la boulangerie où Thaly bossait. Et enfin il y avait le parchemin de Corinne destiné à sa soeurette. Thaly le lut d'abord, en eut les larmes aux yeux tant c'était à la fois touchant, parsemé de doux souvenirs et teinté d'humour. A ce moment là l'émotion fut vive pour les deux soeurs. En plus Coco y avait apposé une photo où elles se marraient toutes les deux et Thaly s'exclama : "je ne connaissais pas cette photo". Lisa voulut ensuite que sa mère lise le texte à haute voix pour l'assemblée et je compris à quel point ces deux soeurs s'aiment. Nous fûmes extrêmement touchés par d'aussi chaleureuses attentions et nous renouvelons ici tous nos remerciements pour ces magnifiques cadeaux. La bonne humeur avait été de mise tout au long de l'apéro avec un Bertrand orchestrant à la perfection la symphonie de la fraternité, du sens de la famille, de l'amitié. Il y a de grands soleils flamboyants dans le coeur de ces gens là. La gaieté et une joie communicative flottaient en permanence sur les lieux. C'était comme un doux sirop de fruits dont le sucre réjouit le palais d'un enfant qui le boirait, comme une ode à la joie et à l'amour. Pendant le repas, Bertrand leva son verre, m'appela et me dit "ein prosit". J'ai répondu la même chose en souriant et on a tous trinqué en faisant s'entrechoquer les verres de Rosé, un excellent Rosé bien frais. Kevyn se marrait en trinquant avec moi car il se souvenait que par chez nous on se regarde dans les yeux à cet instant là. Bertrand revenait déjà à la charge en me disant qu'il se taperait volontiers une bonne choucroute, ce à quoi Thaly et moi avons répondu qu'il faudrait qu'il vienne avec les autres à Strasbourg. Par exemple en décembre pour voir, par la même occasion, le si féérique marché de Noël. Il rétorqua qu'il s'en moquait du marché, que ce qu'il souhaitait c'était manger du jarret grillé.

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En attendant, chacun dégustait les mille et une choses posées sur la table. Il y avait du grenier médocain, du boudin, du pâté, des salades à volonté, du rôti, du poulet, qu'on me pardonne de ne pas tout citer. Au début de l'apéro je m'étais assis à côté de mon amour mais Bertrand (encore lui) m'avait dit : "viens donc t'asseoir là." Il désignait la chaise à côté de celle où Michel était assis. "Oui, assieds-toi là, à la droite de Dieu". Ceci allait me permettre d'entendre mieux encore ses jeux de mots et ses douces taquineries qui font rire la galerie et Michel allait pouvoir m'expliquer les particularités de chaque vin rouge que l'on me servait. D'ailleurs le matin même à la grange, il m'avait dit en s'emparant d'une bouteille du château Chasse-Spleen : "tiens, on va prendre celle-là, Nathalie y travaillait." Il en choisit bien d'autres encore, s'appliquant dans ses choix dans le seul but de faire plaisir à tous les convives. Et des vins pareils, bon sang, s'agit de les déguster avec amour, avec passion. Et j'aime autant dire que j'en aurai goûté des vins ! Même qu'un moment j'ai songé : "toi, tu vas finir beurré comme toute la Normandie." Curieusement ça se passa bien.  

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Assises l'une à côté de l'autre, Corinne et Thaly discutaient et riaient de bon coeur. En leur esprit vagabondaient mille images d'enfance, mille souvenirs tout fous ou romantiques. En bout de table Francine souriait, toute heureuse d'avoir ses trois filles enfin réunies.

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Tandis que l'on savourait tous nos cornets de glace, le grand moment suivant, à savoir  la pétanque, fut évoqué. La pétanque est un rituel cher à Michel. Lorsqu'il y a une grande réunion de famille, tout le monde se doit de jouer à la pétanque après le repas. Aussi Bertrand lança-t'il : "c'est la cave à vins de Michel que l'on joue aujourd'hui, j'aime autant te dire que je vais m'appliquer !" Michel se marra.

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A suivre 

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