Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le journal de Jipé
28 février 2021

Mais qui donc a peur d'Alice Cooper ?

Auteur-compositeur et très bon interprète, Alice Cooper est incontestablement l'un des grands de l'univers rock. Et voilà qu'à 73 ans, il  sort un nouvel album et c'est grandiose.         

11

Y a rien à jeter sur ce "Detroit stories" sorti le 26 février. De l'énergie, de bons solos de gratte, d'excellents gimmicks et des textes où l'humour et la provoc ont la part belle. J'aime quasiment tous les titres ; il y en a 15, c'est pas rien. Gros coup de coeur pour "Go man go", la ritournelle pop "Our love will change the world", "Hail Mary", "Hanging on by a thread" et ce "Drunk and in love", blues un rien poisseux mais envoûtant avec sa guitare et une touche d'harmonica. Le tout est produit par Bob Ezrinl, légendaire producteur qui travailla déjà avec Alice Cooper sur ses premiers albums. 

4

The telephone is ringing / You got me on the run... Voilà les premiers mots d'Alice Cooper que j'ai entendu. C'était la chanson "Under my wheels" et je découvrais cet artiste avec ce titre. C'était à la fin de l'automne 1971, ça caillait dehors, on se pelait le jonc, un vent sournois secouait les houppiers des arbres voisins mais ce morceau rock me réchauffait le coeur. J'en avais parlé le lendemain à un pote, demandant pourquoi ce prénom féminin. Et l'autre de me dire : "ce sont des travelos, des mecs qui s'habillent en fille". Il en savait des choses sur ce groupe, dis donc... Je l'avais cru mais son info était fausse. En ce temps là il n'y avait pas Internet, on avait les infos au compte-gouttes, une fois par mois en lisant "Best", "Extra" ou "Rock n folk". Quoiqu'il en soit le mystère Alice Cooper m'intriguait. Je m'étais alors plongé dans l'oeuvre du groupe... car en cette année là Alice Cooper était encore un groupe. Ce n'est qu'après que le chanteur, de son vrai nom Vincent Furnier, a volé de ses propres ailes en gardant ce nom.

1   2

J'ai donc découvert l'album "Killer" et j'ai été fasciné par ce disque puissant comprenant, outre "Under my wheels", des merveilles comme "Be my lover", "You drive me nervous", "Desperado" et l'extraordinaire "Halo of flies". Avec ses changements de rythme, ses cavalcades de guitares et la puissance de la batterie, ce morceau de plus de huit minutes est un chef-d'oeuvre et prouve combien ces musiciens avaient du talent. Sur scène l'atmosphère était glauque. Alice le chanteur venait avec son boa, se retrouvait pendu ou en camisole et il y avait même une guillotine puisqu'il se faisait couper la tête. C'était du grand théâtre sanguinolent, inquiétant mais très rock. Alice Cooper faisait peur. Totalement emballé, j'allais me régaler avec l'album suivant, celui qui allait définitivement hisser la bande au rang de grand groupe : "School's out". Il y avait cette pochette représentant un pupitre d'écolier avec les noms ou les initiales des musiciens gravés dessus et quand on ouvrait l'album, on constatait que le disque était ceint d'une petite culotte féminine... en papier. Hormis l'hymne "School's out", la galette proposait de très beaux titres (Luney tune, Gutter cats) mais aussi des morceaux plus surprenants et étranges comme l'excellent "Alma mater". 

5   6

En mars 1973, soit moins d'un an plus tard, arrivait l'album "Billion dollars babies" qui est une autre merveille grâce au titre éponyme mais aussi à "Hello hurray", "Elected", sans oublier "Raped and freezin'" qui s'achève en samba de carnaval et le génial "Generation landslide" avec un solo d'harmonica suivi d'un solo de guitare aérienne. Vint pourtant le moment où la discorde secoua le groupe, Alice désirant aller plus loin dans le glauque et le morbide contrairement aux musiciens las de passer au second plan, éclipsés par le show théâtral. Et ce fut la séparation. Même le bassiste Dennis Dunaway, qu'il connaissait depuis l'âge de 12 ans, jeta l'éponge. L'arrivée de la vague punk balaya le trip solo d'Alice Cooper qui passa ensuite de cures de désintoxication en internements psychiatriques. L'artiste parvint tout de même à enregistrer des albums, lesquels ne connurent qu'un succès mitigé. La traversée du désert dura une bonne douzaine d'années et pourtant l'album "Raise your fist and yell" aurait mérité de cartonner avec ses morceaux hard-rock.

0

Enfin débarrassé de ses démons, le chanteur réussit à revenir au premier plan avec l'album "Trash" sorti en juillet 1989 et qui comprend "Poison", un titre qui lui permit d'obtenir à nouveau (enfin) un tube, un vrai. Pour l'album suivant (Hey stoopid) Alice fit appel à des pointures comme Slash, Joe Satriani et Steve Vai, pour ne citer qu'eux. Il travaillera ensuite avec des petits jeunes fort doués qui l'accompagneront sur scène où, outre ses nouveaux titres, il reprend ses grands classiques. Et le public de suivre à nouveau, désireux de voir en live une légende du rock qui aura survécu à toutes les folies, à tous les excès. Comme quoi, avec le temps, Alice Cooper ne fait plus peur mais attire des foules curieuses et enthousiastes. Il faut dire aussi qu'il proposa entre-temps d'excellents albums : "Dirty diamonds" en 2005 et "Along came a spider" en 2008.

8

Le voici donc avec 27 albums studio à son actif et une flopée d'immenses tubes. Et comme à l'instar de certains groupes de hard-rock, il sait également créer de sublimes ballades (Only women bleed, I never cry, You and me, Six hours) il peut se targuer d'avoir un répertoire riche en purs délices musicaux. Je vais dans les prochaines semaines continuer à me mettre dans les oreilles ses nouvelles compositions car ce "Detroit stories" est vraiment l'un de ses meilleurs albums.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le journal de Jipé
Publicité
Le journal de Jipé
Archives
Newsletter
Publicité