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Le journal de Jipé
12 août 2017

Patricia et Bertrand de passage en Alsace

C'est le mardi 8 août, peu avant 19 heures, que Bertrand et Patricia, la soeur aînée de Thaly sont arrivés chez nous. Ils avaient en effet décidé de changer leurs habitudes de vacances et de faire cette année un mini tour de France qui les amènerait jusqu'en Alsace. Ce fut un réel plaisir de les retrouver et dès l'apéro Bertrand me demanda ce qu'il y avait à voir dans le coin. Comme je lui indiquais les endroits alsaciens renommés, il voulut connaître mon programme pour le lendemain. Surpris que je n'aie pas cité tout ce dont j'avais parlé, il lança : "et le reste, alors ?" Je lui dis qu'il faudrait deux journées pour voir le tout. Il grimaça. "Vous n'avez qu'à rester deux jours" lui suggérai-je. Ca chamboulait son planning mais il accepta. Pendant ce temps là, Pipou s'était approché de Patricia et quand elle le prit dans ses bras, il se laissa faire. Comme d'ordinaire c'est Turtle qui vient séduire les invités, ma femme et moi fûmes surpris de voir Pipou si téméraire alors qu'habituellement il court se mettre aux abris quand quelqu'un arrive. Et Patricia tomba sous le charme de sa bonne bouille. Durant le repas, elle me demanda si je connaissais la boutique où on vend des sorcières en poupée afin de protéger sa maison. Elle avait eu vent de cette légende mais je fus incapable de lui dire où se trouvait ce magasin.

1

4  2 V

On se coucha peu après minuit. Cette première soirée avait été agréable avec bien des discussions et des rires. "Réveil à 7 h30" décréta Bertrand. Le matin, je fus le premier debout. Je n'en revenais pas moi-même. Quand tout le monde fut prêt, on fila en Allemagne pour traverser le pont réservé aux piétons et aux cyclistes afin de visiter ce que l'on avait déjà montré à Corinne et Eric en 2015. N'aimant pas être pris en photo, Bertrand râlait gentiment quand je sortais l'appareil-photo mais je m'en tapais complet, sachant combien il est pince-sans-rire. Les rares fois où je le pris au sérieux, il éclatait de rire en voyant ma mine déconcertée. Ceci dit, j'allais parfaitement m'entendre avec lui. De plus, en discutant, on a constaté qu'on avait les mêmes jeux quand on était gamins.

Kehl 0

Kehl 13  Kehl 23

Kehl 36  Kehl 34

Alors que l'on buvait un coup à l'entrée de Kehl, Bertrand suggéra de ne pas rentrer manger mais de filer voir autre chose. On décida finalement de se rendre à Obernai où l'on mangea en terrasse. Le mari de Patricia est un incorrigible bavard qui tchatche avec tout le monde. Aussi plaisanta-t-il avec la serveuse en choisissant son repas. Comme il s'intéresse beaucoup à la seconde guerre mondiale, il me pria de lui montrer le Struthof. Cet ancien camp de concentration situé du côté de Natzwiller ne m'a jamais branché mais nous y sommes allés, soucieux de réaliser les désideratas de l'ami Bert. Ayant trop mal aux jambes à force de marcher, Thaly ne put toutefois pas visiter le camp dans sa totalité. Je suis donc resté avec elle tandis que Patricia et son époux se tapaient la descente menant à certains baraquements, une pente assez abrupte qu'il allait falloir remonter. Pour arriver en ce lieu particulièrement glauque mais qui se doit d'exister afin que ce triste et cruel épisode de guerre ne soit jamais oublié, nous sommes passés par le Champ du Feu puis Belmont. Puisqu'on était dans le secteur, je tenais à montrer à nos hôtes le village de mon enfance. Tout en roulant, Bertrand me posait mille questions, captivé, curieux de tout. Aussi admirait-il le paysage tandis que Thaly et sa soeur papotaient gaiement. Et comme il est forestier, il prêta bien évidemment une attention toute particulière aux forêts.

Obernai 2  Obernai 5

Obernai 1

Champ du Feu 4

En rentrant, nous sommes passés chez David et Carole, celle-ci ayant eu la gentillesse de faire un kougelhopf et un streusel afin que Patricia et Bertrand puissent goûter ces spécialités locales. Patricia fut contente de voir ma fille, son mari et les petits sans oublier Zizou qui vint montrer le bout de ses moustaches. Une fois à la maison, Thaly nous fit du confit de canard avec de bonnes frites. Et quand vint l'heure du café, on dégusta les oeuvres de Carole. "Tu diras à ta fille que c'est très bon" me lança Patricia. Comme la veille, il était minuit passé quand nous sommes allés in the bed. J'ai dormi comme un bébé et me suis levé sans problème au petit matin pour constater qu'il pleuvotait et que le ciel était plombé. Je décidai pourtant, comme un grand connard, de ne pas emmener de veste, bêtement persuadé que le temps s'améliorerait. On commença par une dégustation de vin à Dambach-la-Ville, Patricia tenant à ramener du vin de glace à son fiston. Hélas le viticulteur n'en avait pas mais il nous fit goûter ses vins blancs. Il était 10 heures du matin et on dégustait du Gewurtztraminer, du Riesling ou du Pinot gris. Moi je buvais carrément tout ce que le gars versait dans mon verre. Ca allait me réchauffer car à Kaysersberg, il faisait aussi moche et frais qu'à Strasbourg. On avait suivi la Route du Vin en passant par les villages : Scherwiller, Epfig, Kintzheim et autres Riquewihr. Bossant dans le vignoble médocain, Patricia souhaitait voir les vignes alsaciennes. Elle fut servie, il y en a partout dans cette région là. C'est sous un agaçant crachin qu'on s'est baladés dans Kaysersberg, élu village préféré des Français en 2017. Un titre qui n'est pas usurpé tant cette commune est enchanteresse avec ses maisons à colombages et ses nombreux endroits fleuris.

Kaysersberg 6

Kaysersberg 4  Kaysersberg 9

Au loin, la brume persistait à laisser ses nappes couvrir les vignes. Je grelottais par moments mais ce fut pire quand on arriva au Mont St-Odile noyé dans le brouillard. En ce haut lieu religieux (765 m d'altitude) il ne faisait plus que dix degrés et j'étais le seul couillon en short et tee-shirt. J'ai regretté que ce temps pourri ne nous permette pas d'apprécier la vue sur la plaine d'Alsace qu'offrent les hauteurs du Mont par beau temps. Après cela, on décida de rentrer et, faisant référence au temps maussade, Bertrand me glissa : "c'est le Nord ici !" N'ayant pas saisi son allusion au film "Bienvenue chez les Ch'tis" j'ai rétorqué "non c'est l'Est". Il se mit à rire et je compris qu'il m'avait encore eu. Après s'être tapé quinze km d'autoroute, il me confia son désir de passer à nouveau par les patelins. "Tu m' feras pas la gueule ?" ajouta-t-il dans la foulée. Comme il avait raison ! En des temps où tout le monde est pressé et stressé, lui voulait admirer, savourer, se délecter de la beauté de la nature.

0b  Mt Ste Odile 6

Une fois à la maison j'ai troqué mon short contre un pantalon tandis que Patricia insistait pour que son époux ne remette pas ses chaussures mouillées et chausse ses mocassins. Il s'exécuta, mit également des chaussettes. On partit ensuite pour la ville. Je me suis garé à la Laiterie et on a pris le tram. "Ah oui ! Oh la la quel beau monument !" s'exclama Patricia en voyant la cathédrale. Elle la prit en photo sous tous les angles, allant même jusqu'à toucher la façade. Quand je lui ai conseillé de photographier le restaurant Kamerzell fort réputé, elle esquissa un sourire, pensant que je blaguais. C'est alors qu'elle vit la boutique d'en face avec des sorcières suspendues entre les cartes postales et les tasses à l'effigie de Strasbourg. "Mais c'est ça le magasin de sorcières" fit-elle, toute contente. Tandis qu'on commandait nos bières au bistrot d'à côté, elle alla chercher sa sorcière, précisant : "je vais prendre la plus moche". On se marra. Elle mit dix minutes à trouver, désireuse de prendre son temps pour bien choisir, écoutant également la commerçante qui lui narrait en détail la légende. Il fut alors temps de prendre la direction de la Petite France.  

0c  Cathédrale 5

Après dix minutes de marche, Bertrand vint dire à Patricia : "j'en ai marre, tout le monde me regarde, j'ai l'air d'un con avec mes chaussettes". On eut dit un gosse se plaignant à sa mère d'avoir été moqué. Je l'ai alors charrié, disant qu'effectivement je ne voulais pas marcher à côté de lui, précisant même : "moi j' te connais pas". Et si les deux soeurs se gaussèrent, lui, subitement embêté, se déchaussa pour retirer ses chaussettes. Quand le masque de clown tombe apparaît la sensibilité. Une fois à la Petite France, Bert, à nouveau serein, prit les devants, jouant les éclaireurs en consultant les menus à l'entrée des restaurants. Lui et Patricia tenaient à nous inviter pour une bonne choucroute et l'ami Bert, après avoir conduit la veille et le jour même, m'avait demandé de prendre ma voiture afin qu'il puisse apprécier ce repas, profiter en buvant une bonne bière et plus si affinités et se faire péter la panse. Il trouva enfin le restaurant idéal, nous demanda notre avis et on s'assit en terrasse. C'est en prenant place à table qu'on remarqua une lampe infrarouge fixée en hauteur, pile au-dessus de Bertrand. Vu la température fraîche, celle-ci était allumée.

Pte France 2

On opta pour une choucroute mais Patricia et son mari prirent d'abord du saumon avec toasts. En voyant les jolies assiettes style Obernai, Bertrand demanda à la serveuse s'il pourrait les emmener. Celle-ci, toute jeune et souriante, répondit : "je vais voir c' que je peux faire". La choucroute était excellente et Bertrand l'accompagna de plusieurs verres de bière, heureux comme un morpion au Salon de la moquette. Tout en mangeant, on tchatchait, on plaisantait, on entra même dans le domaine des confidences et on se marra bien. Quand la serveuse proposa un digestif avec le café, Bertrand s'emballa, s'écria "oh oui" et insista pour que je prenne un schnaps avec lui. Moi qui n'en a plus bu depuis au moins dix ans, j'ai fini par céder. Quand on vit la généreuse dose d'eau de vie dans les verres, on s'extasia : "eh ben dis donc, on va être bons avec ça". Et la serveuse de répondre : "oui, j'ai eu la main un peu lourde". Elle avait effectivement mis double dose. Dans la foulée, elle donna les deux belles assiettes à Patricia. Elle était chou cette petite ! Je suppose qu'elle aura apprécié la sympathie et la bonne humeur de Bert et la gentillesse de Pat et on lui mit tous un pourboire royal. Toute contente, Patricia avait le sourire : elle rentrerait avec ses assiettes d'Obernai. Cette soirée fut un moment de rêve, un instant doux et plaisant mais quand je me suis levé, j'ai fait croire que le schnaps m'avait achevé, que je ne savais plus le chemin pour aller à la station de tram. Nouvelle crise de rire tout en foulant les pavés de la Petite France.

Pte France 14

Pte France 18

Le lendemain matin fut synonyme de départ pour les deux tourtereaux. Ceux-ci allaient poursuivre leur périple, filant en Suisse puis dans les Alpes. Il faisait toujours aussi frais et au moment des au revoir on eut le coeur aussi gris que le ciel. Ces deux journées étaient passées trop vite mais on garde l'esprit empli de ces moments riches en émotion parsemés de fous rires.  

Rappel : un simple clic sur une photo permet de l'agrandir

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