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Le journal de Jipé
6 octobre 2012

L'extraordinaire show de Louis Bertignac à l'Illiade

20 heures moins des broutilles en ce mercredi 3 octobre. Je stationne deux roues sur le trottoir et deux roues sur la route car pour trouver une place non interdite aux alentours de l'Illiade, faut être bon en cette soirée relativement douce. On n'a pas trop le temps de chercher une place réglementaire car dans une demi-heure, Louis Bertignac entre en scène. Flanqué de Thaly et de Carole, je me dirige ensuite vers l'Illiade, le Centre culturel d'Illkirch. Sur un des poteaux intérieurs est affichée une pancarte disant que pour une meilleure organisation, les gens qui ont des places assises s'installeront d'abord, les personnes ayant des places debout se devant d'entrer en dernier par la porte du fond à droite. Une dame nous confirme tout ça au micro à 20 heures tapantes. Le gros problème c'est que le public poireautant sagement dans ce hall d'entrée finit par s'entasser en grappes humaines devant l'affiche et comme l'info ne fut plus renouvelée au micro, ce fut un beau bordel. 20 h 18 : les gens ayant une place assise cherchent où aller. Je vois une hôtesse au pied de l'escalier qui dit à un couple "non-non, c'est pas là, c'est là-bas". Le couple fait "ah bon", prend la direction montrée du doigt par l'hôtesse, redescend l'escalier pour tenter sa chance sur la gauche, par une porte qui s'est ouverte y a pas longtemps. 20 h 21 : piaffant d'impatience, je dis à Carole et à Thaly qu'à ce rythme là, quand on entrera enfin dans la salle, on verra Bertignac assis sur la scène, patientant et disant "ah vous voila quand même, j'ai failli attendre !" A 20 h25 un vent de liberté souffle enfin avec l'ouverture de la porte pour les braves (dont nous sommes) qui ont choisi d'être debout car franchement, comment demeurer assis à un concert de rock ?

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20 h 38 : les lumières de la salle s'éteignent, le logo de Bertignac s'illumine sur scène en même temps qu'il arrive avec ses deux acolytes. Cris de liesse dans le public. Nous sommes à trois-quatre mètres de l'ex-guitariste de Téléphone, c'est un bonheur total ! Thaly écarquille les yeux, toute contente. Depuis le temps qu'elle rêvait de voir P'tit Louis en vrai ! Je regarde Carole, elle a le sourire, la pêche, la banane. Bertignac démarre le show pied au plancher avec "22 m2" puis "Pro", deux morceaux très rock figurant sur son dernier album. Il cause un peu avec le public puis se lance dans une belle interpétation de "Je joue". Il présente ensuite ses musiciens. C'est vite fait puisque depuis pas mal d'années maintenant il a choisi d'oeuvrer en trio. Il dit de Marco le bassiste qu'il est un jeune grizzly avant d'ajouter : "à la guitare, le vieux grizzly". Et d'entamer le percutant "Tziganes et grizzly", un morceau que j'aime beaucoup et qui figure aussi sur sonnouvel album. Arrive ensuite le premier moment vraiment fabuleux avec "Cendrillon". Le public se met aussitôt à chanter. P'tit Louis apprécie mais quand il se lance dans un solo sur sa bonne vieille Gibson, il s'évade dans une autre stratosphère tellement il aime jouer et le solo est magnifique. Il ralentit ensuite le tempo et embraye avec "So lonely" de Police. Les spectateurs hurlent leur joie, font les choeurs, c'est du délire. Bertignac prend un nouveau solo, bougeant la tête en tout sens, faisant pleurer sa six cordes sur laquelle ses doigts agiles courent sans relâche.

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Après ça s'ensuit un long dialogue avec le public. Bertignac en profite pour tirer sur sa cigarette électronique. Le bassiste, gentiment taquin, confie au public : "quarante ans de tabagisme et maintenant il vapote". P'tit Louis se marre, tire (ou vapote) à nouveau sur ce tube servant à remplacer la clope. Il demande soudain aux spectateurs : "bon, on joue quoi maintenant ? Un p'tit Beatles ? Un p'tit Stones ?" Quelqu'un crie "Foxy lady". Il répond "okay" et se lance dans une magistrale version du tube de Jimi Hendrix. Une fois le morceau fini, il écoute les gens, leurs demandes. Je n'ai jamais vu ça ! C'est à la demande et il va interpéter tour à tour les chansons proposées par les gens comme "Like a rolling stone" de Dylan en jouant également de l'harmonica, "Stand by me" (très beau) ou encore "Gimme shelter" des Stones en précisant "ouais, mais alors vous faites les choeurs". Incroyable ! Ses complices étant partis boire un coup (fait chaud à crever dans la salle et Thaly a enlevé son gilet) il est là, seul sur scène avec sa guitare acoustique, accédant aux désidératas des gens et prenant plaisir à jouer tous ces standards. Quand Carole et une autre nana lui réclament quasiment en même temps "Ces idées là", il répond avec sérieux "ah mais je n' la fais plus, celle là". Thaly et Carole s'inquiétent : s'il est une chanson qu'elles désirent vraiment entendre, c'est bien "Ces idées là". Et la p'tite nana demande "pourquoi ?" Pince-sans-rire, P'tit Louis répond qu'il ne la joue plus depuis qu'il s'est converti. Thaly pose sur moi un regard interrogateur et je la rassure "t'en fais pas, il la jouera, il plaisante". Et c'est vrai qu'il adore déconner, charriant gentiment les vestes surréalistes de Florent Pagny à l'émission "the Voice". Il confirme d'ailleurs qu'il a signé pour la seconde édition et qu'il se fera teindre les cheveux en rouge pour l'occasion. Il se marre et le public aussi.

Second grand moment de la soirée : "Ca c'est vraiment toi" qu'il accouple à "Satisfaction". J'aime autant le dire, je suis devenu dingo à cet instant là. Fou de bonheur, chantant, hurlant même parfois, dansant sur les partitions, planant sur les accords, partant à fond dans le truc, heureux de vivre un pur moment d'anthologie. Ces deux chansons que j'ai tant dansé lors de folles soirées au Cyclone ou ailleurs, ces hymnes légendaires, il les a enchaînés, les magnifiant, emmenant un public quasi en transes dans la belle galaxie rock où l'on devient ivre de bonheur, où l'on oublie tout le reste. Il aurait pû arrêter le concert après ça, j'aurais été ravi. Seulement voila, Bertignac ne compte pas s'arrêter là tant il aime jouer de la gratte. Le voir en live, c'est un truc à vivre absolument. C'est tellement différent de tous les concerts auxquels on a droit actuellement. Alors que les divas de la pop music ou du rnb, pour des prix exorbitants, chantent en playback dès qu'il y a trois pas de danse à exécuter, lui joue ses chansons, fait des reprises magistrales, discute avec le public, se marre avec les gens. D'une simplicité et d'une gentillesse rares, ce guitariste ô combien talentueux respecte son public et offre un show qui n'est pas ficelé et règlé au riff près, non, une large place est laissée à l'improvisation.

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Donc, disai-je, sa Gibson, il veut encore la faire vibrer. Alors il reprend "Angie" puis "Wonderwall" via l'un de ses tubes à lui, "Coeur ouvert". Il laisse aussi son bassiste chanter "Angel" de Robbie Williams, l'accompagnant à la guitare sèche. Survient un autre grand moment : "Ces idées là". Qui arrive enfin. Bien évidemment. Vous allez me rétorquer : "mais y a combien de grands moments ?" Dès les premières notes de "Ces idées là" le public entonne les "oh ohhh oh oh" de circonstance et il dit : "eh ben ça démarre au quart de tour". Thaly chante, se libère, apprécie. Même chose pour Carole, toute souriante. Et là Bertignac se lache tandis que le public assure toujours les choeurs : il chante "en Alsace les filles sont bien plus belles que toi, bébé / Elles savent faire la choucroute / Et puis elles m'aiment." Si c'est pas de l'improvisation, ça ! Les nanas du public auront apprécié mais se seront appliquées à continuer de faire "oh oooh oh ho". P'tit Louis part dans un solo fou, descend ses doigts nerveux le long du manche, gueule, éructe et enchaîne sur un "Won't get fooled again" qui enthousiasme Carole et qui va définitivement nous scotcher, nous laisser fous de bonheur. Ce morceau des Who est joué à la perfection. C'est magistral, intense, puissant et le solo de guitare est à nouveau sublime. P'tit Louis fait des moulinets, de grands mouvements de bras comme Pete Townshend à l'époque glorieuse des seventies. Après ce bel hommage, le trio salue et s'en va. Pas question de le laisser partir ! Le public chante encore, surtout les gens debout, plantés devant la scène, fous d'amour pour ce guitariste si généreux, si doué. Carole s'est en effet retournée quelquefois pendant le show, constatant, effarée, que les spectateurs assis étaient restés... assis. Ca la révolte ! Qu'importe...

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Les trois musiciens reviennent et on a droit à "Au coeur de la nuit". Moi j'en peux plus, c'est trop de bonheur d'un coup ! On bascule dans une douce hystérie, on laisse Bertignac nous amener dans une espèce de nirvana indescriptible. Il nous sert ensuite "Whole lotta love". La voix est limite sur certaines phrases mais on s'en tape complet, d'autant plus qu'il a assuré niveau chant sur toutes les autres chansons, prouvant même qu'il avait gagné en puissance, chantant d'une voix rauque et rugueuse quand il le faut. Puis ça fait bien deux heures qu'il joue, qu'il chante, qu'il se donne. Son solo est à la fois très rock, déjanté et étrange, totalement dans l'esprit du légendaire morceau de Led Zep. Il frotte le manche de sa Gibson contre le pied de micro, s'amuse, tente des trucs puis relance la machine comme il se doit. Ce gars est fantastique ! Il nous sert un autre rock dans la foulée, je n' sais même plus quoi, il a tant joué de morceaux que je m'y perds. Le groupe repart en coulisses. Thaly me regarde, me demande : "c'est fini ?" Non, ce n'est pas fini. Le trio revient à nouveau pour nous servir "Vas-y guitare". Là c'est la grande démonstration du jeu de guitare de P'tit Louis. Son solo nous plonge dans un déluge de notes hendrixiennes, il s'en donne à coeur joie, n'arrête plus de jouer, venant devant le batteur puis revenant vers nous, héroïque, splendide, magistral, entièrement dévoué au rock et à cette guitare qu'il aime tant. Quand le morceau s'achève sous un tonnerre d'applaudissements, il sourit, regarde le public avec un air de gosse ravi et dit : "maintenant ça va être à vous de chanter". Intro du fameux "Un autre monde". Le public chavire de plaisir et chante toutes les paroles. Bertignac se contente de jouer, donnant juste un coup de main quand le public bafouille certaines phrases. Très beau solo de gratte. Un de plus. Il pose alors sa Gibson et les deux autres le rejoignent pour saluer. Cette fois-ci c'est bel et bien fini. Les lumières de la salle s'allument. 

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On se regarde, Thaly, Carole et moi. Nous sommes époustouflés, heureux. Que ce fut magique ! Nos premiers pas en direction de la sortie nous font grimacer : on a les jambes comme engourdies, on a mal aux pieds mais on s'en fout. On en rigole même à s'observer marcher. S'il fallait revenir demain pour revivre ça, on viendrait en courant. Carole nous dit qu'il est 23 h18. On ouvre de grands yeux, réalisant qu'on a eu droit à 2 h40 de grand spectacle rock n' roll. Phénoménal !  

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Commentaires
S
Il y a beaucoup de personnes connues adeptes de la cigarette électronique à ce que je vois. J'ai pu lire un petit article à ce sujet : <br /> <br /> http://www.breizh-e-cig.fr/article-14--les-stars-et-la-cigarette-electronique.html <br /> <br /> Quand on sait quelles sont les célébrités adeptes de la e-cigarette il est sûr que pour pas mal d'entre eux, on ne risquait pas de s'en douter.
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V
merci pour ce compte rendu de cette magnifique soirée...brillamment écrit ..
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C
Super CR, Merci !!! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Chris...tof
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L
bravo pour cet article magnifiquement bien écrit comme toujours, j'me suis revu l'espace d'un instant en train de balancer mes bras en faisant hou hou hou hou !<br /> <br /> ce concert était extra, magique, phénoménal, fou ... rock'n' roll quoi ! mais aussi exceptionnel du fait de la simplicité de ce Grand Monsieur , respect Louis c'était juste mon meilleur concert! <br /> <br /> Alors sachant qu'on fait trop bien la choucroute, le grizzly va revenir nous voir c'est obligé,donc vivement 2013 :)
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